Saint Bonaventure: La Doctrine, Spiritualité, Clarté et Solidité

Honoré de Sainte Marie nous a livré son avis concernant la science spirituelle de saint Bonaventure, Cardinal, Évêque d’Albano, dans le Tome I de son ouvrage “Tradition des Pères et des auteurs ecclésiastiques sur la contemplation. ” Il nous explique ainsi :

” Pour donner quelque idée de la science spirituelle de saint Bonaventure, surnommé le Docteur Séraphique, je prie le lecteur de faire quatre réflexions importantes.

La première est que sa doctrine touchant la Théologie Mystique est si vaste et si universelle qu’elle renferme toutes les matières de la vie spirituelle, depuis ses premiers éléments jusqu’à ses degrés les plus parfaits. Il n’y a point d’acte de vertu, soit acquise ou infusée, qu’il n’explique ; point de communication si sublime et si intime qu’elle soit, et de degré de contemplation ou d’amour de Dieu qu’il ne découvre. Il n’y a rien dans la vie purgative, illuminative, ou unitive qu’il ne développe ; point d’illusion, de tromperie, ou de danger dans tout le cours de la vie spirituelle qu’il ne prévienne.

La seconde, est que plusieurs Spirituels ont donné dans quelques extrémités, ou du moins dans des expressions qui ne sont pas assez justes. Ils ont composé divers Traités Mystiques, qui sont ou trop diffus, ou trop serrés. D’autres qui sont trop obscurs, trop embrouillés, peu intelligibles. D’autres qui sont tout remplis de faits abstraits, d’allégories outrées, et d’expressions éloignées de la manière ordinaire de s’énoncer.

Les Écrits de saint Bonaventure n’ont aucun de ces défauts : la solidité, l’ordre, et la clarté en font le propre caractère. Il ne s’éloigne jamais des principes de la Théologie, ni des sentiments des Pères. Il explique les choses les plus difficiles et les plus sublimes avec les termes ordinaires, et les rend aussi intelligibles qu’il est possible, eu égard au sujet.

Il garde partout un juste milieu, sans que la multitude et l’importance des matières grossissent son ouvrage, et sans que leur brièveté et leur excellence l’empêchent de les traiter avec l’étendue requise. Gerson a renfermé tous ces éloges en peu de mots, quand il dit, parlant de notre saint Docteur : « C’est celui de tous les Auteurs Ecclésiastiques, qui me paraît le plus propre et le plus sûr pour éclairer l’entendement, et pour enflammer le cœur. Il écrit avec tant d’art et de brièveté, qu’il ne se peut rien de mieux. » Et dans un autre endroit ( c’est dans le Livre de l’Examen des Doctrines), il dit qu’il est solide, sûr, pieux, juste, et dévot.

La troisième, est que ses Livres sont remplis du feu de l’amour divin, qui n’embrasent pas moins le cœur de ceux qui les lisent, qu’ils éclairent leurs esprits des plus vives lumières, qui sont deux qualités qui se rencontrent rarement dans ceux qui composent des Livres, et qui sont réunies dans ce saint Docteur, comme Trithe me l’a très bien observé.

Enfin, on ne doit pas considérer la doctrine de saint Bonaventure, comme celle d’un Docteur particulier ; mais comme le miroir fidèle et une vive expression de la science des Pères, et de l’ancienne Tradition de l’Eglise touchant la vie contemplative. Il n’avance presque jamais rien qui ne soit soutenu de l’autorité de l’Ecriture sainte, de saint Ambroise, de saint Jérôme, de saint Jean Chrysostome, de saint Jean de Damas ; mais plus ordinairement de saint Augustin, de saint Grégoire Pape, de saint Bernard, et des autres Auteurs Mystiques qui ont fleuri avant lui. Il a même des Opuscules tout entiers qui ne sont qu’un tissu de leurs expressions, et de leurs propres paroles. On peut dire en quelque manière que la doctrine du Séraphique Docteur en matière de spiritualité, a pour garant toute l’antiquité.

Saint Bonaventure, l’ornement de l’Ordre de saint François, naquit à Balnea-Regia, vulgairement Bagnarea, petite Ville de Toscane, l’an 1221. Il prit le Bonnet de Docteur avec saint Thomas l’an 1255. L’année suivante il fut élu Général de son Ordre. Le Pape Grégoire X. le fit Cardinal, et Évêque d’Albano l’an 1274. Il assista cette même année au Concile de Lyon, et mourut avant qu’il fût fini le quinze de Juillet 1274.”

Honoré de Sainte Marie. (1708). Tradition des Pères et des auteurs ecclésiastiques sur la contemplation. Tome I. Paris.

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